Zakaria enseigne l’art du Thé à la Menthe
Nov 23, 2024
À la tête de la Maison Nana 1807, Zakaria a le Thé à la Menthe chevillé au corps.
Une passion héritée de sa mère qui lui préparait une délicieuse infusion.
A chaque fois qu’on revenait à Rosières (Lunery, Cher), maman nous attendait à la maison avec le thé à la menthe. Pour Zakaria Nana, l’histoire du thé à la menthe est intimement liée à son histoire personnelle.
Celle d’une famille marocaine exilée dans le Berry. « Mes parents se sont installés en France, en mai 1968, à Vatan ; ils ont déménagé dans le Cher en 1972. » Lui a passé son bac à Bourges, terminé ses études aux États-Unis et traversé le monde, trente ans durant, pour son activité professionnelle.
« Même au Maroc, la tradition du thé à la menthe se perd »
Avec pour point de repère, la maison familiale berrichonne et, toujours, le thé à la menthe maternel qui l’attendait. « Il était tellement bon, je lui disais que j’allais en vendre dans le monde entier. » Affirmation sur le point de se réaliser « trente-cinq ans plus tard ». « On a créé la Maison Nana 1807 en mars 2020. L’idée était de vendre la recette de maman. » La première préparation mise au point est d’ailleurs un hommage à celle qui a quitté ce monde avant que la Maison Nana 1807 ne voie le jour. « On l’a appelé Mouima, qui veut dire “ ma maman bien aimée ”. Mes enfants appelaient leur grand-mère comme ça. » Suivront onze autres recettes, toujours à la menthe, mélangeant les inspirations (earl grey, rooibos, parfumé).
Et la petite entreprise familiale d’élever le thé à la menthe au rang de l’art et de la science et de l’excellence, qu’elle vend sur Internet et dans les galeries Lafayette. « Comme un petit vignoble qui fait de grands vins, nous sommes une petite maison de thé à la menthe qui fait de grands thés à la menthe, bio et made in Berry. »
Le vin a l’œnologie ? Désormais, le thé à la menthe a « la mintéalogie, pour expliquer l’histoire, la science et l’art du thé à la menthe ». Car « même au Maroc, la tradition se perd ». En pédagogue, Zakaria Nana rappelle les bases. « On consomme du thé à la menthe depuis douze siècles, au Maroc ; on ne sucre que depuis soixante-dix ans, c’est une erreur de l’histoire. Dans la tradition marocaine, on le sert toujours nature. »
Depuis toujours, la décoction est préparée « avec du thé vert chinois. Encore aujourd’hui, 25 % des exportations mondiales chinoises sont à destination du Maroc. » Si le breuvage « était réservé à une élite, il s’est popularisé au cours des 19e et 20e siècles. Aujourd’hui, dans chaque famille marocaine, il y a un préposé au thé. À chaque grand événement (mariage, funérailles…), c’est le maître de la cérémonie du thé. S’il n’est pas là, il n’y a pas de thé servi. »
Service du thé, « de la droite vers la gauche », moments du service « cinq fois par jour »… Une fois lancé, Zakaria Nana est intarissable. « Notre idéal serait de créer une école de mintéalogie dans le Berry. Ce serait sans doute la première au monde. »
Et l’ancien globe-trotter redevenu berrichon de rêver l’union des peuples autour du thé. « Je voudrais organiser des cérémonies du thé à la menthe pour la paix à Paris, devant Notre-Dame, Jérusalem et La Mecque. Unir toutes les confessions autour du thé. » Un vœu pieux pour l’instant, en attendant, il invite à une cérémonie castelroussine, ce dimanche, à 14 h, au Salon de la gastronomie.